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Question de M. Rémi Cardon (Somme - SER) publiée le 28/03/2024

Question posée en séance publique le 27/03/2024

M. le président. La parole est à M. Rémi Cardon, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Rémi Cardon. Monsieur le ministre, j'étais lundi dernier aux côtés des ouvriers de l'usine MetEx à Amiens et je me pose une question depuis lors : quelle est votre vision de la souveraineté industrielle de notre pays ?

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie publiée le 28/03/2024

Réponse apportée en séance publique le 27/03/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de l'industrie et de l'énergie.

M. Roland Lescure, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie. Monsieur le sénateur Rémi Cardon, vous étiez aux côtés des salariés de MetEx - dernière entreprise en Europe à fabriquer des acides aminés et de la lysine - en compagnie de certains élus qui me demandent depuis un an de nationaliser tout ce qui bouge. (Sourires sur les travées du groupe RDPI.)

Or ma vision de la souveraineté industrielle n'est pas de nationaliser toutes les industries, dont certaines sont en souffrance, mais bien de les appuyer, dans une logique de développement économique.

L'entreprise que vous évoquez a fait l'objet d'un certain nombre d'aides de l'État : un investissement de Bpifrance, un prêt garanti par l'État (PGE), une subvention dans le cadre de France 2030. On ne peut pas dire que l'État n'a pas été au rendez-vous !

Malgré cela, parce que cette entreprise paie le sucre trop cher, mais aussi pour des raisons de gestion, la performance économique que l'on est en droit d'attendre d'un tel établissement n'a pas été au rendez-vous.

Ses dirigeants ont mis en place la recherche d'un repreneur. Ils ont décidé la semaine dernière de se mettre sous la protection des procédures collectives pour accélérer ce processus. Sur ce dossier, comme sur tous les autres, monsieur le sénateur, je vais agir de la même manière : m'assurer que l'on dispose d'un repreneur solide, sur la base d'un plan d'affaires robuste.

Si tel est le cas, je suis prêt à l'accompagner, comme je l'ai fait pour Carelide, une entreprise de poches pour perfusion, ou pour Valdunes, deux entreprises que vos amis, ceux avec lesquels vous vous trouviez lundi, m'avaient demandé de nationaliser il y a quelques mois.

Nous cherchons des repreneurs de qualité permettant à l'industrie française de se projeter vers l'avant, non pas comme des entreprises nationalisées, ainsi que vos amis le souhaitent, mais comme des entreprises capables de conquérir le monde. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Rémi Cardon, pour la réplique.

M. Rémi Cardon. Monsieur le ministre, vous n'avez pas répondu à ma question, je me propose donc de vous présenter un exposé instructif.

Dans la Somme nous n'avons pas de pétrole, mais nous produisons de la lysine. Celle-ci, issue de l'usine MetEx implantée à Amiens, fait notre fierté.

MetEx est l'unique usine en Europe à fabriquer cet acide aminé, qui sert à la nutrition animale et entre dans la composition de certains médicaments tels que l'Aspégic et l'ibuprofène. En outre, ce produit est élaboré à partir de la richesse de nos sols, non pas du pétrole, mais de la betterave sucrière.

MetEx incarne le modèle typique d'industrie verte que nous nous devons de soutenir pour l'avenir.

Pourtant, cette entreprise est placée en redressement judiciaire depuis le 20 mars dernier, car elle est confrontée à la flambée du prix du sucre, à l'envolée du coût de l'énergie et au dumping de la Chine, laquelle a inondé l'Europe de son stock d'acides aminés, deux fois moins onéreux et cinq fois plus polluants.

Dans une ville comme Amiens, celle du Président de la République, qui porte encore les stigmates des fermetures de Whirlpool ou de Goodyear, cette situation n'est pas anodine : vous prônez la réindustrialisation du pays et la covid ainsi que les récentes pénuries nous ont rappelé la nécessité de produire nos médicaments en France.

Les 300 ouvriers de MetEx, plongés dans l'incertitude, attendent toujours les décisions qui permettraient la sauvegarde de l'usine, et votre réponse d'aujourd'hui n'apporte aucun éclairage sur ce point.

Monsieur le ministre, pour les ouvriers de MetEx, l'heure n'est plus aux promesses, mais aux actes forts et à l'union sacrée. Cette entreprise représente indéniablement un outil résilient et de souveraineté que l'État ne peut et ne doit pas abandonner. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.)

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